Ma vie ne démarre réellement qu'à l'âge de 18 ans. Jusque là, ça allait, on s'en sortait. Ma mère est partie très tôt. Je n'ai jamais compris pourquoi elle était partie. Quand je parle de partir, c'est pas qu'elle est morte. Mais elle nous a abandonné, mon père et moi. Papa m'a élevé seul. Seul jusqu'à ce qu'il tombe malade. J'étais prédestinée à aller à l'université. Mais qui s'occuperait de mon père si je m'éloigne de lui. Il me soutient que je dois y aller mais je ne peux pas. Depuis mes 18 ans, je travaille. Je travaille pour payer les traitements de mon père, pour qu'il aille mieux. Va t-il mieux pour autant ? Non. Mais ce n'est pas grave, tant que je m'occupe de lui, ça ira.

J'ai eu une enfance heureuse malgré tout, mon père s'est toujours très bien occupé de moi. Je sais même que, parfois, il s'affamait pour que je puisse manger. C'est un papa formidable. Le meilleur papa du monde. Je l'aime et je veux le lui montrer. Parfois, j'ai la sensation que c'est ma faute s'il est malade. À force de se priver, il a du manquer de quelque chose et son cœur ne l'a pas supporter. Ou alors, c'est parce que ma mère l'a quitté et ça a fragiliser son cœur ? Est ce que c'est ça d'avoir le cœur brisé ? On en devient malade à en crever ? Je suis certaine que si Papa ne m'avait pas, il se laisserait partir. Mais je dois le retenir plus qu'il ne le voudrait. Pourtant je suis adulte, il sait que je m'en sortirai dans la vie s'il me quittait. Je ne lui en voudrais même pas. Mais non, il reste parce que mon sourire lui rappelle combien la vie peut être belle parfois.

Papa ne m'a jamais dit que je ressemblais à ma mère. Parce que ce n'est pas du tout le cas. Je ressemble en tout point à mon père. Que ce soit physiquement ou bien de caractère, nous sommes identiques. Clairement, Papa ne peut pas me renier. Et je ne veux pas qu'il le fasse. Nous avons le même sourire, le même rire. Et surtout, le même humour. Ce qui fait que nous avons une complicité vraiment peu ordinaire.

Malgré tout le bonheur qu'on peut s'apporter, ça ne paie pas les factures. Souvent, on a faillit nous couper l'eau, l'électricité. Mais Papa a toujours énormément travaillé pour que ça n'arrive pas. Mais avec sa maladie, il ne peut travailler qu'à mi temps. Alors, quand j'ai eu 16 ans, j'ai pris un petit boulot dans un dinner, en tant que serveuse. Au début, c'était pour arrondir les fins de mois mais j'ai cherché à travailler plus. J'ai fini par être en échec scolaire malgré que j'ai tenu jusqu'à mes 18 ans. Je n'ai jamais obtenu mon diplôme. Une fois passé 18 ans, j'ai pris mon poste à temps plein pour aider Papa.

C'est à ce moment là que j'ai commencé à m'intéresser aux vieux films de braquages. Et puis, j'ai commencé à voler, de petits trucs, par ci par là, dans les magasins. Au début, c'était pas grand chose, je faisais très attention à ne pas me faire prendre. J'ai commencé à prendre beaucoup confiance en moi, ayant une allure naturelle. Je volais de plus en plus pendant qu'on faisait les courses. J'étais devenue très habile. Je faisais attention. Et puis, j'ai compris rapidement que ça ne suffisait pas. Ça ne me suffisait pas. J'avais besoin de prendre plus. D'aider mon père. Pour finir, j'ai commencé à cambrioler de petites maisons, sans valeurs. J'ai chercher à prendre toujours plus.

Maintenant j'ai 23 ans et je suis une cambrioleuse professionnelle. Je suis recherchée, même s'ils ne connaissent pas mon identité. J'écoute énormément les informations, je lis le journal. Quand je vois qu'ils sont trop après moi, je me calme, j'attends que ça passe, je travaille un peu plus. Maintenant, je vole essentiellement dans des maisons modestes. J'essaie de prendre des  choses à revendre qui n'ont pas une trop grande valeur mais surtout que ne se reconnaissent pas facilement. Il m'arrive de m'attaquer aux bijoux s'ils sont communs. Je joue les pick  pocket dans les lieux très fréquentés et je me sais douée. Jusque là, tout ce déroule parfaitement bien mais je me doute que ça ne durera pas...