ft. Robert Downey JR

J’vais vous raconter une histoire, c’est l’histoire d’un type qui avait un cerveau qui allait trop vite.
On lui a dit : tu verras la vie pour toi ça sera facile ! Là-dedans t’as une Ferrari, t’as une longueur d’avance mon petit !
Sauf que la vie, elle est rarement aussi complaisante.
Il y a cru, longtemps, qu’il avait quelque chose de spécial, que s’il avait des difficultés ce n'était pas normal, qu’il était ‘’au-dessus’’ de tout ça, que de toute façon, les parents ça raconte jamais de bobard et qu’au final, ils n’y peuvent pas grand-chose s’ils n'ont pas tout compris quand on leur a dit : Madame, monsieur votre fils est un surdoué.
Ils ont pris que le bon en occultant le mauvais, Rhys mon fils, tu es celui de la famille qui va faire de grande étude ! T’auras des bourses ! On parlera de toi à la TV ! Rhys tu vas voir ça va être facile !
Facile.
Il revient souvent ce mot, vous ne trouvez pas ? Tout était censé être facile avec moi.
Les sciences ? Facile.
La littérature ? Facile.
La philosophie ? Facile.
L’ingénierie ? Facile.
Les relations avec les autres ? … … FATAL ERROR.

Mon histoire vous expliquera comment avec toutes ses facilités, j'ai fini mécano, là on va se focaliser sur ce qui se passe dans ma tête quand je rencontre un autre humain ok ? D'abord c'est simple, j'vais retenir beaucoup de choses, un peu trop même, je n'ai pas une mémoire eidétique, j'en suis pas à ce point-là, mais je suis observateur et j'écoute. J'écoute beaucoup, j'écoute même trop, j'entends trop de choses autour de moi, c'est difficile de me concentrer sur votre conversation si on se trouve dans un milieu qui n'est pas fermé. Alors on dira que je suis grincheux et que j'évite les autres, j'dirais simplement que j'm'évite des migraines parce que les larges publics ce n'est pas pour moi, que faire mes courses avec boule quiès c'est déjà à la limite du supportable, je n'ai pas d'ouïe surdéveloppée bien loin de là, c'est juste que mon cerveau il ne sait pas s'arrêter sur une chose, non il a besoin de plus, toujours plus, il a besoin de tout écouter, de tout comprendre, de chercher jusqu'au plus infime changement de ton dans une conversation dont je me fiche éperdument. Mon cerveau est une machine qui dévore tout sur son passage, il crève de faim et se nourrit du peu que je lui offre, c'est une bête que je n'ai jamais su contrôler. Alors les gens souvent, ils ne comprennent pas, pourquoi je manque de patience, pourquoi j'aime pas les restaurants, pourquoi j'aime pas parler parce que oui tiens mettons le doigt dessus … Parler. Vous savez quelle horreur ça peut être pour moi de m'exprimer ? À l'écrit j'ai réussi à le dompter, mais quand mes pensées passent directement de mes neurones à mes cordes vocales c'est tout de suite plus compliqué. J'oublie des mots, des phrases parce que là-dedans, j'suis déjà 100 mètres plus loin, et quand il s'en rend compte ça bug et j'bute sur des mots stupides, alors ouais, les gens vont dire que je suis un ermite acariâtre un peu bizarre et qui pourrait les blâmer hein ?

Pardon, je me suis un peu emporté, y'a ça a ajouter à ma liste de défauts, j'suis colérique et un tantinet violent. La bibine n'a rien arrangé pour ce trait-là, par contre elle essaie de ralentir ce qui a là-haut, certain parleront d'addiction, moi j'réponds que j'en ai besoin pour vivre à peu près normalement.

C'est difficile de vivre avec une Ferrari dans la tête quand t'as jamais appris à maîtriser ne serait-ce qu'une 2 CV.

Et les qualités, vous demandez ? Qui peut prétendre connaître les siennes sans se branler l'égo hein ?